Axilés
Attention, le language de cette première fic est un peu fleuri, disons x)
Chapitre 1En 1883, quelque part en Europe...
Nim venait d'arriver à côté du Checkpoint. Elle n'est pas ravie. Oui, les Checkpoints restaient des refuges imprenables, mais elle n'aimait pas y aller. Lorsqu'elle était arrivée dans son premier Checkpoint (qui fut aussi le dernier où elle mit les pieds), elle avait été très bien accueillie par les Gardiens. Mais très vite, le regard vide et les réflexions superficielles qui sortaient de la bouche des enfants et des adolescents y habitant l'avait dérangée, pour finir par l'effrayer. Elle était partie au milieu de la nuit.
Elle ne se souvenait même plus de comment elle était arrivée ici, allongée par terre, près de cet immense vestige, au bord d'une falaise. Il pleuvait un peu, il ne faisait pas froid, mais pourtant Nim était trempée et gelée jusqu'aux os. Elle porta une main à sa tête, la retira pleine de sang.
"Ceci explique cela", pensa-t-elle, un vigoureux mal de crâne brouillant ses pensées.
Elle s'observa et remarqua plusieurs cicatrices, certaines vieilles comme le monde, d'autres toutes fraîches et encore douloureuses. Remarqua qu'elle était habillée comme un homme. Haussa un sourcil. Et puis elle se souvint.
Elle se tut.
En tant qu'Axilée, mieux fallait se faire discrète...
Nim buta sur ce mot. Axilé. Mélange d'exilé et d'asile. Exilée de son propre monde, cherchant asile dans un autre.
Nim avait du mal à se fondre dans la masse. Les gens se retournait sur son passage, dérangés par son regard lumineux qu'elle tentait de camoufler en s'ensevelissant sous des chapeaux, des écharpes. Ou peut-être les passants trouvaient-ils que ce jeune homme, qui sursautait au moindre bruit dépassant les 30 décibels et qui se retournait constamment, semblait venir d'un autre monde? Peut-être le trouvaient-ils un peu...efféminé?
De toute manière, Nim se savait trop étrange pour être normale et trop normale pour être étrange.
Elle se releva, réajusta son chapeau pour qu'il couvre la blessure et qu'il retienne ses cheveux.
Avant de remettre son écharpe correctement, elle enleva son collier, le laissa sous la pluie, au contact de l'eau, pendant quelques secondes, puis passa le pendentif sur sa blessure en appuyant bien fort.
Elle vacilla, puis remit son collier, satisfaite, et s'emmitoufla dans son épaisse écharpe.
Elle observa la forteresse décadente, hésita un court instant, mais reprit sa marche dans la direction opposée.
Pas question de retourner dans un Checkpoint, quel qu'il soit.
Elle regarda le vestige de la forteresse, et aperçue une silouhette. Qui courrait sur les remparts, et dont la robe s'envolait au moindre coup de vent.
"Elle devrait être plus discrète. Si elle est ici, c'est forcément pour se cacher."
Et elle ajouta la forteresse à la liste des checkpoints par lesquels elle aurait du passer.
****************
Mytic courrait comme une petite folle au sommet des remparts. Que c'était drôle!
Elle tourbillonnait, laissait le vent jouer avec ses cheveux aigue-marine, riait aux éclats.
Elle était habillée comme une parfaite petite jeune fille de l'époque. Ce qui la rendait plus dangereuse encore...
Il fut un temps où Mytic ressemblait plus à un petit chat sauvage qu'autre chose. Elle errait dans les rues de Londres, pillait, griffait, mordait. On l'avait abandonnée à la naissance à cause des sa couleur de cheveux dérangeante...
Mais les gentils "Gardiens" l'avaient recueillie. Ils l'avaient emmenée dans un lieu qu'ils appelaient "Checkpoint quelque chose", elle ne se souvenait plus. Ils l'avaient éduquée, nourrie, comme la centaine d'autre enfants présents.
Maintenant, Mytic se tenait comme une véritable petite "lady", et peut à peu laissait son passé tomber dans l'oubli...
Mais à l'instant précis, seul contait le vent. Elle aurait voulu pouvoir s'envoler...
C'est alors qu'elle aperçut une drôle de silhouette. Elle devait être la depuis un moment, vu que l'ombre lointaine se releva, passant de la position allongée a debout.
Elle courut sur le chemin de garde, jusqu'à trouver le segment où les autres enfants jouaient. Elle aperçut un Gardien et se précipita vers lui.
"-Papa, papa! Il y a quelqu'un las-bas! piaillait-elle en pointant la silhouette du doigt.
Il y avait trois règles très importantes, au Checkpoint.
1)Appeler les Gardiens "Papa" et les Gardiennes "Maman"
2)Appeler un Gardien ou une Gardienne en cas de besoin.
3)Signaler tous les inconnus se promenant près ou loin du Checkpoint.
Et Mytic était une jeune fille de 15 ans très obéissante.
****************
Myrilys zigzaguait dans les rues de Londres à vive allure. Sa salopette en jean était couverte de boue, de charbon et d'autres matières inconnues mais colorées. Un trou sanglant au genou suggérait une chute récente, et le couteau rougit qu'elle avait dans la main incitait à penser qu'elle se trouvait dans une situation peu enviable. Ou qu'au contraire mieux valait la laisser passer. Sa veste était trempée, du au magnifique temps de Londres, sa casquette de livreur laissait dépasser une mèche de cheveux blonds platine, son écharpe comportait des trous grandissants.
Il était donc compréhensible que les gens se retournent sur son passage et la regardent avec des yeux ronds.
Elle se retourna une dernière fois, et s'aperçut avec satisfaction qu'elle avait semé ses poursuivants.
Elle reprit donc un rythme de marche plus lent, histoire de bien se fondre dans la foule.
Le temps passa, et le crépuscule la prit sournoisement par surprise.
Nullement affolée, elle se mit en quête du pont en-dessous duquel elle se réfugiait régulièrement.
Et c'est la que le fameux brouillard londonien fit son entrée.
Là, Myrilys dut s'avouer vaincue. Lors des jours brumeux, les ponts étaient peu recommandables. Elle entreprit donc de traverser celui sur lequel elle se trouvait, faute de pouvoir se réfugier en-dessous.
****************
Dans un Checkpoint quelque part en Europe, Sephiroth se mordait les doigts. Demain, il aurait dix-sept ans. Demain, il faudrait qu'il prenne la poudre d'escampette au plus vite. Ce soir, en fait.
Il avait longuement réfléchi à sa décision. Il avait tout préparé. Mais voulait-il vraiment s'attirer les ennuis qu'il devinait?
"Ah, parce que tu préfères te faire laver le cerveau peut-être?" fit sa conscience, s'invitant dans ses réflexions. "Non? Ben tu as ta réponse alors!"continua la petite voix avant de tout bonnement disparaitre.
Il était dans ce Checkpoint depuis son plus jeune âge, et en grandissant, il regardait ses camarades peu a peu devenir des robots sans volonté, sans raison.
Les Gardiens avaient tout essayé pour qu'il soit "comme eux". La violence, la douceur, le chantage.
Rien n'avait marché, et Sephiroth restait toujours le petit "impertinent", comme les Gardiens l'appelaient.
Il continuait de faire savoir sa façon de penser. Corrigeait les professeurs. Non, les Checkpoints n'étaient pas les seuls endroits sûrs dans le monde.
Loin de là.
Mais la dernière phrase, il la gardait pour lui.
Demain, ils lui laveraient le cerveau. Avec une machine. Il l'avait vue.
Et il deviendrait Gardien.
Si il ne s'échappait pas, cela va de soi.
****************
Gryfman, seize ans (et toutes ses dents, aimait-il plaisanter), se retournait dans son lit, à l'instar de Sephiroth, dont il était le voisin de palier.
"Sephiroth est un imbécile", pensait-il.
"Il n'aurait pas du rester si ouvertement lucide. Ils l'ont enfermé dans sa chambre, il ne le sait même pas, ils ont mis une alarme s'il tente d'ouvrir sa fenêtre. Il ne réussira pas.
Man avait tout fait pour couvrir l'imprudent.
Oui, les Gardiens et Gardiennes étaient des imbéciles. Mais le Gardien Général était loin de l'être.
Man avait eu du mal à rester lucide en silence. Il s'était repris deux ou trois fois avec des pensées qu'il aurait jugées, dans son état normal, erronées.
Mais il avait tenu, et la maintenant à l'heure précise il pensait encore librement, et c'est tout ce qui comptait.
Il se leva et, avec l'habitude de celui qui sort de sa chambre tous les soirs, traversa la pièce sans faire craquer le sol, tourna la poignée sans un bruit et ouvrit la porte sans un grincement. Dans la sacoche qu'il avait pris soin de préparer se trouvait son matériel dans son intégralité, ainsi qu'une écharpe, un bonnet et un pantalon. Pieds nus, il traversa le palier et sortit une clé identique à celle qui se trouvait dans le bureau du directeur et qui avait la propriété d'ouvrir toutes les portes des chambres. Il avait pris soin de faire une copie de chaque clé importante au Checkpoint, et avait brillamment réussi, n'éveillant l'attention de personne. Il glissa la clé dans la serrure et la tourna. La porte s'ouvrit avec un léger "clic!" et Man entra.
Il n'avait pas fait un pas qu'il se retrouva avec un couteau sous la gorge.
Par réflexe, il attrapa le poignet de son agresseur et le tordit.
Ne s'attendant pas a une réaction, Sephiroth failli gémir, mais une main se plaqua sur sa bouche avant qu'il n'ait l'occasion d'émettre ne serait ce qu'un son.
"Allez, Seph, grouille-toi! Les tours de Gardiens vont commencer, j'espère que t'as fait tes bagages!"
Sur ce, Gryfman tourna les talons.
Sephiroth hésita un instant, regarda une dernière fois sa chambre, balance son sac sur son dos et partit à la suite d'un ami dont il ignorait l'existence.
Et pourtant, si on lui avait demandé à l'instant, il aurait répondu que Man était la personne en qui il avait le plus confiance.
****************
Myshi vagabondait dans les rues de Paris. Elle ne se doutait pas qu'au coin de cette rue, un homme dont elle ignorait jusqu'à l'existence allait changer sa vie.
Pour le meilleur? Ou pour le pire?
Ce fut donc joyeusement et en sifflotant qu'elle tourna au coin de la rue, inconsciente qu'elle était.
Elle habitait chez sa grand-mère, pour une raison qu'elle ignorait. Ses parents étaient pourtant toujours vivants, et sa mère ne travaillait pas.
Peut-être était-ce à cause de ses yeux chocolats, qui semblaient doux aux premiers abords, mais qui mettaient rapidement les gens mal à l'aise. Elle donnait l'impression de... les sonder? Elle était vive, intelligente. Peut-être même trop, pour ses treize ans.
Mais elle ne pensait pas à cela lorsqu'elle tourna le coin en sautillant, sa robe en velours vert foncé tourbillonnant sous son manteau noir.
Elle ne pensait pas à cela lorsque quelqu'un l'assomma.
Elle ne pensait plus à rien lorsqu'un homme la fourra dans une voiture, inconsciente.
Pas plus qu'elle ne sentit la piqûre qu'il lui administra avant de démarrer en trombe.
****************
-Kairi, il faut que tu manges!
Kairi leva ses grands yeux gris vers la Gardienne qui lui tendait une cuillère pleine de purée.
Si la Gardienne avait été une personne normalement constituée, elle aurait vacillé sous la peine, la douleur et la souffrance qui étouffaient les yeux de l'adolescente de 14 ans se tenant devant elle.
Comme ce n'était pas le cas, elle insista.
-Allez ma petite puce, mange!
Kairi sentit sa colère monter d'un coup. Elle balaya la table de son bras, envoyant valser verre, fourchette, assiette et nourriture dans une sarabande aérienne qui se finit inéluctablement au sol, dans un grand fracas.
-Rendez-moi ma vie.
Le ton était froid, la voix tranchante et dure.
-Mais ta vie est ici, ma chérie....
Cette voix vide, mielleuse, monotone, robotique.
Cette voix rendait Kairi malade.
Elle était dégoutée, n'avait qu'une envie, s'enfuir de ce "Checkpoint".
Elle n'oublierait pas, elle ne cèderait pas à ce psychiatre, psychologue, psy-quelque chose qui tenait tant à ce qu'elle oublie.
Elle n'oublierait jamais, jamais, se répétait-elle en courant dans les couloirs, petite biche blessée dans un immense labyrinthe sans fin.
****************