Mission n°1 : Escorter un convoi de marchandises d’une célèbre marque…

Mission n°1 : Escorter un convoi de marchandises d’une célèbre marque…
Niveau : 1 étoile



Monsieur Bézar pointa sa plume sur son calepin.
- Mais rangez-moi ces planches crénom de dieu ! Première charrette les portes ! Pas ici, pas ici ! Mais qui m'a fichu des empotés pareils ?!
Il cocha un point de sa liste et continua à vérifier le rangement du convoi, criant et gesticulant dans ses vêtements mal taillés. La livraison allait prendre bien plus de temps que prévu, car ses employés n'avaient plus la force de transporter les marchandises seuls jusque dans les chariots.
- Maudits soient ces incapables... Et le Darkhell continue à nous 0*8%&µ(@ même après sa mort..., maugréa-t-il en rayant un élément de sa liste.
- Et où sont les autres gus engagés à la Guilde ?
Le marchand regarda autour de lui à la recherche des gardiens du convoi. Mais ils étaient en retard...
- Tous des incapables, soupira-t-il.
Alors il déambula, vérifiant l'état du matériel et le nombre de cordages. Tout devait être parfait pour ce voyage, première livraison depuis l'accident Jovénia. Il en allait de l'avenir de sa compagnie ! Les bêtes étaient nerveuses, troublées par l'odeur et l'apparence différentes de leurs maîtres. Ce serait un périple aussi excitant que risqué.
Mais soudain, un hurlement retentit :
- PLAAAAAACE ! C'est moââââ !!! hurla une gamine avant de se scratcher le nez par terre (première chute de la journée).
- Je vais la scalper, promis calmement un jeune guerrier en caressant le pommeau de son épée double.
- Tous les humains sont aussi idiots ? s'inquiéta une elfe.
Une autre fille éclata de rire, pendant qu'une autre aidait la maladroite à se relever.
- Pourquoi je suis entouré de nanas complètement..., commença le guerrier.
- Excusez-moi monsieur, nous cherchons M. Bézar, nous sommes l'équipe de la Guilde ! dit la mage angélique.
Ledit monsieur se frappa le front et soupira longuement, sous les regards interrogatifs - et le rire de la guerrière.
- C'est moi. Vous êtes en retard ! soupira-t-il.
- La faute à qui ? grommela l'elfe.
Les regards convergèrent vers la mage qui essuyait ses vêtements couverts de poussière.
- Euh... Quoi ? On parle de moi ?
Le guerrier se frappa le front et décida de prendre les rênes de la conversation.
- Nous sommes prêts pour le voyage. Où devons-nous apporter notre aide ?
- ... Suivez tout le convoi et ne perdez pas un chariot de vue, tout doit être sécurisé. Répartissez-vous un champ d'action selon vos préférences. Je vous appellerai pour le dîner. Nous partons dans quelques minutes.
- Bien, M. Bézar, salua le guerrier dénommé Onyx.
L'elfe Nessa, la guerrière Manalokati et les mages Eria et Alyaw étaient dans la place, pour le meilleur et pour le pire !




A vous de jouer !

Onyx regarda rapidement toute la fine équipe qui l'accompagnait. Il fusilla Velyzia du regard et respira un grand coup. Il allait probablement perdre le contrôle de ses nerfs avant la fin de la mission, mais il allait tenter de tenir le plus longtemps possible. Il se surprit à regretter son unité de faucons d'argents, disciplinée et obéissante.
- Bon, il y a pas 36000 solutions pour escorter un convoi comme ça, donc voilà ce que je vous propose. Nessa, tu vas au milieu, tu es celle qui a la cadence la plus limité, mieux vaut que tu aies le temps d'agir. J'ouvre la marche. Eria, Velyzia, vous faites le tour des chariots. Je sais Eria, tu ne peux pas vraiment te défendre, donc il faudra que tu sois très réactive si on a un problème. Manalokati, tu fermes la marche. Si vous avez de meilleures suggestions à faire, les trucs accrochés à ma tête s'appellent des oreilles.
Puis l'ancien faucon s'adossa à un chariot, attendant la réaction des filles avec un petit sourire : finalement, ça allait être amusant. Il avait même un défi en prime : ne pas scalper Velyzia avant la fin de la mission : ça ferait tâche sur le CV.

Eria était en train de délirer avec Alyaw tandis que M. Bézar sonna la cloche du départ. Elles se mirent donc à la place que leur avaient assigné Onyx c'est à dire au milieu du convoi ou elles devraient patrouiller ensemble autour de la vingtaine de charrettes. Eria n'osait pas s'approcher de Onyx même sous son apparence d'enfant, car à chaque fois qu'elle sortait une débilité il la foudroyait du regard, elle se questionnait surtout au sujet de Nessa " Comment une elfe avait-elle atterri dans le monde des humains ? ", "Pourquoi avait-elle de si longues oreilles ?" elle restait un mystère pour elle. Mais surtout elle enviait Mana qui pendant toute la mission pourrai bayer aux corneilles tranquillement assise dans la dernière charrette tandis qu'elle marcherait toute la journée sous un soleil étouffant quand soudain Alyaw hurla. Eria se retourna vers l’intéressée avec des yeux tous ronds et une main sur son petit cœur qui avait failli explosé.

Dès que le départ fût sonné, chacun rejoignit sa place immédiatement et personne ne discuta les ordres avisés d’Onyx, qui semblait s’être autoproclamé meneur du petit groupe. Se contentant d’un hochement de tête pour réponse, Nessa replaça son carquois de façon à ce qu’il ne la gêne pas et se posta au milieu des chariots. Sous le soleil de plomb alysien, le voyage s’annonçait long et monotone, les paysages du monde des Hommes étaient plus que banals aux yeux de l’elfe, les arbres se ressemblaient tous, les décors étaient loin d’être colorés comme ceux de son pays natal. Alors que les chariots cahotaient en cadence sur le chemin irrégulier, un cri aigu atteignit les oreilles de Nessa. Elle reconnut la voix de la gamine rousse qui s’était ramassée un peu plus tôt et soupira, persuadée qu’elle avait du trébucher encore une fois. Elle banda cependant son arc et se hissa rapidement sur l’un des chariots, histoire de constater d’elle-même quel était le problème. En baissant les yeux vers le précipice, l'elfe aperçut deux créatures hideuses, telles les monstres décrits pour les comtes pour enfants, accrochées aux parois du ravin du côté où les deux mages patrouillaient.

« On ne nous avait pas dit que notre seul problème seraient les brigands !? », songea-t-elle, néanmoins rassurée qu’Alyaw les ait remarquées rapidement. Elle se décrispa toutefois en constatant qu’étant donné leur emplacement, les deux bêtes mettraient encore quelques minutes à atteindre le chemin. Ne voulant agir de façon trop impulsive, Nessa se mit en position de tir comme elle l’avait tant de fois fait au service de la flotte elfique et attendit un ordre pour relâcher la corde de son arc.

Après s'être relevée grâce à Eria de son énième chute, Alyaw dévisagea M. Bézar. Casse-bonbons, pensa-t-elle dans sa tête, en priant pour que l'homme en question ne lisait pas dans les pensées. Elle tourna sa tête vers Onyx, qui la regardait d'un air de "situfaisencoreunedébilitédonttuaslesecretjet'égorge" et décida de plutôt regarder Manalokati, qui ne pouvait plus s'arrêter de rire. Elle s'assigna à la tâche qu'Onyx lui avait confié, et marcha près Eria en sautillant. Puis, elle porta son attention vers Nessa, comme le faisait son amie en ce moment même. Elle était très mignonne, et se demandait à quoi pouvait elle ressembler en adulte. Et aussi, comment pouvait-elle marcher pieds nus, nom d'une noisette ! Sur ces pensées, très intéressantes, et regarda devant elle, et aperçut deux ombres, énormes, et ... cornues ? En effet, deux créatures immondes venaient de faire leur apparition, les monstres étaient recouverts d'écailles vertes, d'immenses cornes blanches et pointues, mesuraient approximativement deux mètres et demi, avec d'immenses dents aussi pointues que leurs cornes, et faisaient couler de longs filets de bave. Alyaw se mit donc à hurler, un cri strident pouvant éclater les oreilles des personnes les plus proches. Eria, donc. Elle recula machinalement et sortit son bâton magique.

Onyx entendit le cri de Alyaw et poussa un profond soupir : qu’est ce qui se passait encore ? Le renégat ferma le poing pour faire signe au convoi de s’arrêter et rejoignit son groupe, au bord du précipice. Il eut tout le loisir d’y détailler les créatures. Les monstres étaient recouverts d'écailles vertes, d'immenses cornes blanches et pointues, mesuraient approximativement deux mètres et demi, avec d'immenses dents aussi pointues que leurs cornes.
- Des crhyspangores … sourit-il avec un rictus carnassier.
Il avait déjà rencontré ces bestioles dans ses voyages après avoir déserter les faucons d’argents.
- Eria, recule. Si une de ces saletés t’attrape, tu n’en sortiras pas vivante. Reste un peu en retrait et intervient dès que c’est nécessaire. Alyaw, je crois me souvenir que tu es une mage de feu. Essaye de les ralentir avec des flammes, leurs carapaces d’écailles est trop épaisse pour brûler. Nessa, vise la gorge de ces saletés. C’est le seul défaut de leur carapace. Manalokati et moi, on va essayer de leur faire lever la tête. Tu auras une fenêtre de tir d’environ une seconde, ne la rate pas.
L’ancien faucon sortit sa longue épée double et en fit tournoyer les deux lames. Il vit soudain, une première patte immense se poser lourdement sur la corniche.
- Maintenant ! commanda le renégat.
Il vit la tête hideuse dépassée du rebord et se mit à la frapper en tout sens. Il entendit soudain une flèche siffler juste à côté de son oreille.

Eria observa la situation, les monstres -au nom imprononçable- étaient laids et semblaient dangereux, elle décida donc d'obéir au ordre de Onyx et de rester en retrait quand elle remarqua qu'elle avait oublié sa baguette. Elle alla la chercher dans une charrette et se cacha à l'intérieur au milieu des bouts de bois. Mais de là où elle était, elle ne pouvait pas observer le combat et ne pouvait pas porter secours à ses alliés en cas de besoin. Elle avait peur de se faire attaquer, mais elle devait être courageuse pour ses amis. Se levant, les mains crispées sur sa baguette, elle sortie de sa cachette et découvrit le combat. Onyx et Loka encerclait l'ennemi et heureusement personne n'était encore blessé. Quand soudain le monstre trouva une brèche et se jeta sur elle. Elle eut seulement le temps d'ouvrir la bouche mais aucun son n'en sorti. Au même instant une large patte s'écrasait sur elle, et l'envoyait valdinguer contre les rochers, inconsciente.

La première flèche manqua de peu le plus frêle des chryspangores, venant ricocher sur ses écailles rocailleuses. Nessa eut à peine le temps de se replacer convenablement que Loka lui avait ouvert une brèche. La corde relâchée, le projectile atteint cette fois directement son but, débarrassant les voyageurs du premier monstre. L’elfe sourit brièvement à la guerrière et focalisa son attention sur la seconde créature, qui gardait la gueule obstinément baissée. Personne n’eut le temps de réagir lorsqu’elle s’en prit à Eria, par chance, la poitrine de la jeune mage se soulevait encore régulièrement.
Nessa vit soudain une boule de feu fuser tout droit vers la bête, provenant directement du bâton magique d’Alyaw. Chose qui eut le mérite de détourner son attention de la magicienne à terre. L’elfe saisit sa chance pour viser la gorge, mais le chryspangore dévia aisément la flèche d’un mouvement de l’avant-bras. Nessa tourna la tête vers ses compagnons, des étincelles crépitaient encore au bout du sceptre de la rousse et elles tombèrent légèrement sur le bord de l'un des chariots de bois.

M. Bézar se prit la tête entre les mains.

Il avait failli se faire bouffer.

Les mercenaires avaient mis le b**del dans tout le convoi.

Des conducteurs s'étaient enfuis en courant dans la forêt et on en cherchait encore trois.

Ça puait le monstre.

Et sa marchandise brûlait.

- VDM, murmura-t-il en sortant ses cachets.
Dépité, le convoyeur laissa Onyx diriger toute la troupe et engu**ler les lâches qui s'étaient barrés. Même si l'un d'entre eux, en fait, semblait dire qu'il faisait sa pause pipi pendant tout le temps de l'attaque. C'était louche, et Onyx n'aimait pas ce qui était louche. Il le colla donc à la corvée de patates.
M. Bézar reprit les rênes et dirigea son chariot à l'avant, suivi des autres, sans se préoccuper du début d'incendie et des cris stridents de la pyromane en culotte courte.

De toute façon, ils approchaient du col. Il n'y aurait pas de monstres dans la montagne, juste des passages escarpés. Le Ciel lui accorderait bientôt un répit.
Enfin, ça, c'était ce qu'il croyait...

Une légère odeur de barbecue vint titiller le nez d'Eria, lui faisant lentement reprendre connaissance. Après un bâillement qui acheva sa courte sieste, la soigneuse releva les yeux pour découvrir un chariot enflammé qui attendait désespérément d'être éteint par Alyaw avec un sort.

- Qu'est-ce qui se passe ? Où sont les méchants monstres ? Je suis morte ? Où est ma baguette ? J'ai mal à la tête T_T

Personne ne l'entendit. Onyx brandissait maintenant son épée afin de couper en rondelle la mage qui d'ailleurs ne devait sa survie qu'à Loka et Nessa qui le retenaient tant bien que mal. Mais le feu menaçait de se transmettre au reste du convoi. Eria prit quelques secondes pour chercher sa baguette, qu'elle ramassa à la volée, elle incanta un sort pour stopper les flammes. Le feu commença alors à diminuer pour s'éteindre dans un dernier soupir, une petite fumée s'éleva du chariot pour se diriger vers le ciel.

Le convoi était sauvé, mais Alyaw allait encore risquer sa vie au côté d'Onyx.

La mine déconfite de Bézar et la panique totale d'Alyaw arrachèrent un sourire à Nessa, qui finit même par devoir se retenir de rire par compassion pour la petite rousse. Le début d'incendie avait bien heureusement été stoppé et il était grand temps de reprendre la route.
Nessa soupira de soulagement après avoir balancé le cadavre de l’un des chryspangores dans le ravin avec l'aide de Loka, qui boudait toujours pour avoir perdu sa place tranquille à l’arrière du convoi. Les chariots s’étaient déjà remis en route, menés par M. Bézar, qui semblait plus impatient de se débarrasser de son travail que pressé, et chacun reprit sa place. Le trajet jusqu'à la fabrique EKIA s'avérait long et le groupe de mercenaires avait déjà frôlé la catastrophe à deux reprises... et dire qu'ils ne seraient payés que 500 misérables kishus chacun. Heureusement que les repas étaient compris dans la mission !
Le convoi de marchandise s'engagea sur un sentier de plus en plus raide et commença l’ascension de la montagne de Lodori.

L'escapade de Manalokati fut toutefois vite remarquée par Eria, qui la ramena gentiment à l'ordre sans la dénoncer. Les deux jeunes filles virent une belle amitié naître entre elles, et le voyage se poursuivit sans autre incident.

Le convoi entra dans la paisible vallée d'Orell. L'armée patrouillait régulièrement et le danger se fit un peu trop lointain au goût des aventuriers. Rien ne perturba l'avancée des chariots... Ils s'ennuyaient, et leur prime de risque leur filait entre les doigts. Tout ce travail pour rien ! Ils rageaient intérieurement, même ceux qui avaient pour habitude d'être doux comme des agneaux. L'appât du gain et la soif d'aventure les tenaillait à présent : ils étaient devenus de véritables mercenaires de la Guilde.

Enfin, ils arrivèrent à la scierie d'EKIA.
Monsieur Bézar leur donna les dernières instructions : compter les chariots, répertorier les dommages subis et s'assurer que rien n'était volé pendant qu'on déchargeait les marchandises.

Onyx, Manalokati, Nessa, Eria et Alyaw se regardèrent dans le blanc des yeux.
- Bon, qui a un bloc-notes ?

Je termine la mission !

Les mercenaires réussirent leur dernier travail avec brio, rattrapant ainsi les quelques impairs sur l'ensemble de la mission. La traversée des montagnes avait été difficile... et tant d'imprévus étaient survenus ! Mais ils ne regrettaient rien.

Si certains étaient restés à l'écart, comme Onyx et Nessa, les autres avaient créé des liens très forts. Manalokati, Alyaw et Eria s'entendaient plus ou moins mais ne songeaient plus à se séparer. Leur amitié avait été forgée par le fer et le sang et les bêtises de vous-savez-qui.

M. Bézar serra la main de chacun des mercenaires, avec un peu d'inquiétude quand vint le tour d'Alyaw (il avait peur qu'elle lui tombe dessus, va savoir pourquoi ?). Soulagé que rien de trop grave ne soit arrivé, il donna la paye des mercenaires et offrit quelques crayons souvenirs de la scierie d'EKIA.
- Oh chic chic chic !!! cria Alyaw. Des crayons !
- Ouiiii !!! s'écria Loka en entamant la danse de la joie avec son amie.
- On en trouve partout hein..., rappela Eria, la seule à garder la tête sur les épaules.
- Les humains sont bizarres, remarqua l'elfe Nessa.
- ... J'ai limite envie de renier mes origines, railla Onyx en lorgnant les filles. Je n'ai aucun lien biologique avec ça.
- Pfff... avoue qu'on s'ennuierait sinon, pouffa Nessa.
Son camarade ne répondit pas, mais il esquissa un sourire.

Pour une première mission, que d'animation ! Mais ils avaient appris que l'argent n'était pas le plus grand des trésors... car ils avaient gagné des amis pour le restant de leur vie. Ils rentrèrent à la Guilde avec de nombreux récits à raconter au bar.